Présidents africains, ça suffit !

5 novembre 2014

Présidents africains, ça suffit !

Présidents africains ça suffit

 

 

 

 

 

 

 

Je savais pour ma part qu’en Afrique, on affectionnait les films à l’eau de rose, expédiés du Brésil et du Mexique. Mais seulement maintenant, je me rends compte qu’on en aime un, d’un tout autre genre. Jugez-en vous-même.

Blaise Compaoré l’a enfin cédé. Ce poste de chef d’État de la république du Burkina Faso qu’il occupait depuis bientôt trois décennies. Le mouvement de contestation du peuple burkinabé a finalement accouché d’un renouveau. Son entêtement à vouloir à tout prix modifier la constitution dans l’optique de se représenter aux élections présidentielles de 2015, l’a mené à une inéluctable disgrâce.

Pure coïncidence ou simple plagiat ? Cette situation ressemble étrangement à plusieurs autres qui se sont produits aux quatre coins de l’Afrique. Le scénario est presque le même partout. Avec pour personnage principal, un président en exercice, qui a fait une entrée fracassante au pouvoir. Le destin forcé ou pas, les élections tripatouillées ou non, le conduisent à la magistrature suprême. Puis il semble ne plus vouloir la quitter. D’ailleurs il devient incontournable. Les élections le montrent bien, il est toujours le très contesté l’incontestable vainqueur. Finalement, son règne dure des lustres. Et un jour, coup de tonnerre, il est illico débarqué. Souvent par l’armée, une autre fois par le peuple.

Ces navets qui n’ont pour seul mérite qu’être en rupture complète avec le développement de l’Afrique, ne cessent de prospérer.

Sachez chers présidents, qu’avant vous, ces pays que vous dirigez existaient déjà. Ils ont une histoire que vous connaissez certainement. Il vous arrive peut-être de la chanter. Aujourd’hui, peu importe que vous ayez piétiné la démocratie, par le passé, vous êtes président. À ce haut poste de responsabilité, votre mission est d’être au service du peuple. Faire en sorte que ceux-ci vivent dans la paix, la stabilité et tirent avantage des fruits de leur labeur, de leurs ressources. Et non pas uniquement le vôtre et de celles de vos proches. C’est la continuité du travail qu’ont entamé, puis exercé vos prédécesseurs. Comme eux, vous n’apportez qu’une pierre à l’édifice. Pourquoi vouloir s’éterniser au pouvoir, alors que les règles du jeu démocratiques vous l’interdisent ?

Les produits de votre politique de gestion, vous les connaissez. La pauvreté, le chômage, l’insécurité, la corruption, l’impunité… n’ont jamais connu de tels pics. Mais vous préférez rester scotchés à vos constructions idéologiques révolues. Vous clamez haut et fort être les plus aimés, les plus adulés et même idolâtrés par vos peuples. En êtes-vous certains ? Organisez donc des élections crédibles, libres, transparentes et démocratiquesdans vos pays démocratiques, et vous verrez. Arrêtez de bâillonner vos opposants politiques, de museler les journalistes qui ne chantent pas le même refrain que vous, et vous verrez votre poids réel.

Ne vous fiez pas à ceux qui créent pour vous des mouvements de soutien, et vous font des éloges à même de pâlir de jalousie la divinité. Ces personnes qui vous soutiennent et vous encouragent à falsifier la loi fondamentale pour rester au pouvoir n’ont pour seul objectif que la sauvegarde de leurs propres intérêts. Tant que vous leur offrirez des avantages financiers, matériels et professionnels, ils ne trouveront aucune peine à chanter vos louanges, à scander partout vos noms, peu importe qu’ils s’égosillent la voix, peu importe que votre gestion des affaires de l’État soit des plus pathétiques, peu importe que vous soyez trempés dans des affaires louches, peu importe que vous ayez les mains tachetées de sang. Vous ne me croyez pas ? Eh bien, arrêtez, juste pour un moment le robinet, et vous les verrez faire volt face, la seconde qui suit . Ne soyez pas étonnés qu’ils vous tournent le dos pour sécher leurs habits là où le soleil brille désormais, même si c’est chez vos adversaires politiques.

Quoi encore ? Vous vous dites que vos amis chefs d’État, les organisations sous régionales ainsi que la communauté internationale vous admirent. Je ne vous apprends rien de nouveau, en affirmant que les États n’ont pas d’amis. Elles sont plutôt guidées par leurs propres intérêts. Regardez vous-mêmes, ces entités politiques et économiques sont-elles intervenues en faveur de Blaise Compaoré, de ATT, de Wade ? Vous vous croyez incontournables dans le destin et l’avenir de vos pays ? Voyez ce que sont devenus, le médiateur Blaise Compaoré, l’anticolonialiste Laurent Gbagbo, le guide Kadhafi, Abdoulaye Wade… Certains sont six pieds sous terre. D’autres, derrière les barreaux. Les plus chanceux bénéficient d’une certaine  « liberté »sont poursuivis par la justice, sont en exil, ou vivent désormais dans l’anonymat.

Présidents africains, arrêtez donc de vous méprendre! Vous n’êtes pas indéboulonnables. Débarrassez le plancher quand votre mandat arrive à expiration. Et cela, malgré votre popularité. Quand bien même vous avez construit d’importantes infrastructures. Quand bien même vous avez hissé votre pays sur l’échiquier international. Quand bien même par vous, la croissance économique de vos États a largement dépassé les deux chiffres. Même si vous estimez n’avoir pas achevé vos projets. Et même si vous vous défendez d’avoir accompli plus de reformes que vous prédécesseurs. Bravo et encore merci…

Néanmoins,  rappelez vous que « la vie est comme une pièce de théâtre, ce qui compte ce n’est pas qu’elle dure longtemps, mais qu’elle soit bien jouée». Alors, travaillez bien et ensuite, cédez la place aux autres.

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Commentaires

edith mara
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bien dit

abkodo2
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Un bien bel article qui me confirme dans ma conviction que d'une manière générale, les blogueuses sont meilleures que leurs collègues mâles.

larissakouassi
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Hahaha... l'essentiel, c'est que chacun (blogueur ou blogueuse) joue sa partition. Pourquoi pas? Nous arriverons ensemble à rendre meilleur ce monde. Merci encore et bien à toi.