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Abidjan faut-il retourner au puits ?

Aujourd’hui, c’est le 22 mars, la journée mondiale de ce breuvage vital, pour tout être vivant. L’eau. Dans mon pays la Côte d’Ivoire, l’eau potable est devenue une denrée rare. La situation est si pénible pour une certaine tranche de la population, qu’il m’importe d’en parler. 

Les promesses passent et les difficultés demeurent

« Dès janvier 2015, il n’y aura plus de problèmes d’eau à Abidjan », avait été la promesse, mais les faits ont la vie tenace. Nous sommes en mars 2015 et l’approvisionnement en eau potable est toujours aussi inégal dans cette cité. Le déséquilibre de la distribution en eau potable, bien qu’existant depuis des lustres, au pays de l’éléphant était surtout lié à cette logique sélective d’accès à l’eau entre zones rurales et zones urbaines. Aujourd’hui, dans ces espaces ruraux les choses ont bien évolué. Grâce à l’hydraulique villageoise, de nombreux habitants du village disposent de ce précieux liquide.

Paradoxalement à Abidjan, la cité des lagunes, les choses vont mal. L’eau est devenue aussi rare qu’une gemme unique à certains endroits. De nombreux ménages, dans certains quartiers des communes comme, Abobo, Yopougon, Koumassi et Port-Bouët, en sont privés. Pendant des jours, les robinets restent à sec. Aucune goutte d’eau. Impossible donc pour nos parents et amis qui y vivent, de se désaltérer, de maintenir une hygiène corporelle normale, et surtout se laver correctement les mains pour échapper à la menace Ébola.

A côté, la pollution prend de l’ampleur. La plupart des espaces publics (caniveaux, jardins…) ne sont pas agréables à fréquenter. Ils se présentent comme des « toilettes publiques en  plein air ». Vous entendrez dire « Il y a certains besoins qu’on ne peut plus faire, dans nos habitats modernes, sans eaux ». Faut dire que ces WC, à la Turque, recouverts d’un bloc de ciment dans lequel on avait pris soin de faire un trou rond, se font de plus en plus rares dans les maisons. Pourtant, ils ne nécessitent pas d’eau. Les propriétaires de ces habitats n’avaient pas présagé cette situation.

J’ai ainsi, découvert dans la presse que la forte densité de la population dans ces communes est l’une des causes principales de cette pénurie. D’autres responsables  justifient ces désagréments par des branchements anarchiques, provoquant des déficits budgétaires et une limitation des investissements dans des infrastructures et autres équipements.

Là où l’eau abonde, le gaspillage surabonde

Lourdement empêtrées dans cette situation inconfortable, certaines populations devraient être davantage éduquées. En fait, l’un des maux majeurs à l’origine de ce malaise demeure le gaspillage. Dans la plupart des établissements publics, là où les factures reviennent à la charge de l’État, l’eau coule à flot. « C’est l’État qui paye », pense-t-on. « Laissons couler », agit-on. Ajouté à cela, le matériel défaillant, que les responsables refusent de renouveler. Entre-temps, la sensibilisation des ménages au  recyclage de l’eau n’est pas encore tout à fait validée.

Au regard de cet incivisme des populations et, bien plus, au  laxisme des autorités face à la persistance du problème, la question qui demeure est : comment faire ? Chez moi en Côte d’Ivoire, il est passé le temps où on implorait le ciel, la terre, les ancêtres, où les dieux de la forêt, avec en gage des sacrifices pour que survienne la pluie.

Continuer à s’en plaindre sur les réseaux sociaux et autres supports de communication en attendant que les autorités compétentes se décident à endiguer le problème ? Parce que, pendant ce temps, même si dans quelques rares zones, l’eau est maintenant disponible, la difficulté se déplace peu à peu dans certains autres quartiers, comme à Angré, Riviera Bonoumin où les ménages sont de plus en plus sujets à de nombreuses coupures.

De plus, les stratégies que développent les populations, pour disposer de ce précieux liquide, quand le stock est épuisé restent limitées. Justement, parce l’eau est lourde. Et donc, parcourir de longues distances pour en prendre, c’est revenir chargé d’un petit seau d’eau sur la tête. Sinon, ce sont les réseaux d’accès en eau potable qui sont vandalisés.

À chacun, son puits

Puisque l’eau est vitale, il est nécessaire d’envisager des solutions urgentes et moins coûteuses qui permettront de soulager les habitants qui n’en disposent pas. Il faut chercher des alternatives immédiates, en attendant que les autorités quittent la torpeur dans laquelle ils sommeillent.

Pour s’extraire du joug de cette souffrance liée à l’eau, ces populations devraient peut-être en association songer à creuser des puits dans leurs quartiers. Du moins, là où il est possible d’en faire. Dans tous les cas s’il y a amélioration de la situation, une chose demeure. L’usage modéré de l’eau des puits pourrait contribuer à lutter contre la cherté de la vie, justement grâce à la réduction des coûts de consommation d’eau.

Tout compte fait, il importe d’éduquer et de sensibiliser les populations sur les réels enjeux de l’eau. Cela évitera les gaspillages au bénéfice d’une meilleure gestion. 

Un puit
Un puits  

 

Viva l’amore !


Hommage à la femme, à la productrice de vivriers

Aujourd’hui, c‘est le 8 mars, et c’est la journée internationale de la femme.

Je choisis de célébrer cette catégorie de la population, qui pour la plupart n’est pas informée d’une telle célébration. Je choisis d’honorer ces femmes battantes, ces femmes qui se lèvent avant que ne survienne l’aube et se couchent tard, ces femmes productrices de vivriers.

Elles ont choisi de vivre et de côtoyer chaque jour le rural, malgré toutes les difficultés que ce monde revêt. Elles préfèrent le calme des champs aux sonorités citadines. Ces femmes, on les appelle souvent avec mépris « villageoises » ou « paysannes ». Pourtant, même très loin de la ville, elles sont omniprésentes, du moins, à travers le fruit de leur labeur, les produits vivriers locaux qui valent de l’or. Si elles n’existaient pas, la ville mourrait de faim, avec toutes ses richesses.

Dans mon pays, la Côte d’Ivoire, ces paysannes-là, travaillent sans relâche. Elles font partie de ces femmes qui s’activent comme l’ouragan pour s’offrir un mieux-être et participer au bien-être de leur famille. Parfois épouses, parfois mères, elles ne marquent une pause que lorsque les aubergines, les piments, les gombos, bref tous les condiments qu’elles ont pu mettre en terre, ont été récoltés et vendus.

Ce sont elles les principales pourvoyeuses de produits vivriers, cultivés sur de petites portions, qui alimentent toute la ville, sans animaux de trait et de bât, ni matériels motorisés. Avec seulement la daba et la machette, elles labourent la terre, pour en faire jaillir des fruits, légumes et tubercules prisés. De la lenteur de la daba, à la rapidité du matériel motorisé, elles sont conscientes qu’il y a tout un fossé. Elles savent qu’entre leur production bio et celle des grands exploitants extérieurs qui inondent le marché de leurs produits non bio, il y a toute la distance qui sépare les canons lourds et les mitrailleuses de l’arbalète d’autrefois.

Beaucoup continuent de croire que la production de ces laboureuses ne représente qu’une infime partie dans cette forte demande. Ces dernières comprennent, ainsi pourquoi ces experts qui viennent en appui au développement rural et qui débarquent très souvent avec une péroraison tout étudiée, ne s’intéressent qu’aux « grands agriculteurs ». Vous savez, ceux qui cultivent, le café ; le cacao, le palmier à huile, l’hévéa…  Ce sont eux les habitués et privilégiés aux conseils et aux préfinancements agricoles. Parait que ça rapporte gros ! Au pays et aux producteurs.

On encourage tout le monde à s’adonner à ces activités, pourtant, le problème, c’est que toutes ces cultures pérennes ne sont pas destinées à la consommation sans transformation industrielle. Et les gros sous que cela fait bénéficier, à quoi serviront-ils si pénurie il y a, ou s’il n’y a rien à manger ?

Parallèlement, aussi étonnant que cela puisse paraître, chaque jour des sensibilisations sont faites. Les gouvernants incitent les populations à « bien se nourrir », « à manger équilibré ». Pourtant, c’est dans des conditions pénibles que les productrices de produits vivriers évoluent. Elles le savent, donc, même en l’absence d’encadrement, ces  » laboureuses  » continuent de faire confiance à leurs bonnes vieilles méthodes pour défricher, déterminer la bonne saison et la meilleure semence. Ainsi, sans calendrier ni météo, elles essaient de maîtriser les saisons, comme la route de leur champ.

En attendant que son secteur d’activité soit valorisé

En attendant que les aides et autres contributions arrivent, elles continuent de se battre pour assurer la survie de cette population qui vit dans les villes, loin des aires champêtres. Parce qu’elles savent que même si leur portion est petite, si une goutte d’eau n’est rien, l’océan terrible n’est fait que de ces gouttes d’eau.

Honneur à toi femme, femme du paysage rural, femme productrice de vivriers. Bonne fête !

 

Une laboureuse, une femme du vivrier.
Une laboureuse, une femme du vivrier

Viva l’amore !


Sorcellerie, ce bouc émissaire de tous

Alors que les scientifiques font tout ce qu’ils peuvent pour augmenter l’espérance de vie, dans mon pays la Côte d’Ivoire, de nombreuses personnes craignent de vivre trop vieux. La raison, la personne du troisième âge est bien souvent, délaissée, méprisée, stigmatisée et  taxée de sorcière.

Masque Africain
Masque Africain

Lorsque le malheur frappe à la porte d’une famille, et qu’il occasionne pauvreté, maladie, échec, deuil… le bouc émissaire est vite trouvé : la vieille tante présente à la maison ou la grand-mère démunie restée au village. Dans mon pays, l’imaginaire populaire considère qu’être assailli par le malheur et mourir n’a jamais été naturel. Rien n’est jamais le fait du hasard ou de la providence. Tout est frappé du sceau de la suspicion. De la sorcellerie. Responsable de biens d’événements fâcheux. De tout en fait. Quand bien même la culpabilité de la victime ou d’un système quelconque, est avérée.

Ainsi, lorsqu’un individu, ivre au volant, roule à vive allure en brûlant tous les feux tricolores et qu’il périt des suites d’un grave accident de la route, le responsable est tout trouvé. Le sorcier qui en lui faisant boire une grande quantité d’alcool, lui a voilé les yeux, la conscience et la raison.

Quand un élève ou un étudiants passe le clair de son temps à dormir, jouer avec des copains plutôt qu’à apprendre ses leçons et qu’il se retrouve en situation d’échec, c’est le sorcier qui lui injecté un esprit de distraction.

Quand un individu se fait dépouiller puis poignarder mortellement par un délinquant, évadé de prison, c’est le vieillard du village qui a pris possession de la personne de l’agresseur.

Quand une personne vit dans un environnement insalubre et que nettoyer son cadre de vie constitue pour celle-ci le dernier de ses soucis et qu’elle décède de fièvre typhoïde ou autres maladies liées à la malpropreté, le sorcier est celui qui a infesté l’endroit de déchets.

Lorsque quelqu’un se rend dans un centre hospitalier et que, faute de personnel suffisant, de matériel adéquat ou de médicaments, comme ce fut le cas dans affaire Awa fadiga , il décède sur son lit d’hôpital, les regards ne se tournent que vers le grand-père, amer, qui est resté à la campagne.

Chez nous au centre du pays, les maladies, l’insécurité, la pauvreté, la mauvaise hygiène de vie, ne participent pas à la décimation des populations. Puisque « ça ne tue pas africain ». Comme si l’homme noir était immunisé contre tous ces maux. Le sorcier étant son principal ennemi.

Cette adversité déployée par le méchant sorcier, n’étant que prétexte pour attraper des proies sans se faire prendre. Nul besoin de faire une enquête ou une autopsie, notre imagination et notre ‘’esprit critique’’ sont assez fertiles pour nous faire comprendre les choses qui se déroulent dans le spirituel, dans des dimensions que le simple profane ne peut appréhender.

Tout est donc la faute du sorcier. Il peut être n’importe qui : la tante, l’oncle…Mais et surtout, le grand père ou la grand mère, des parents trop vieux, qui passent leurs derniers jours au village. Cheveux blancs, courbaturés, canne en main, souvent trop fatigués pour marcher. Mais qui tiennent leur longévité du fait qu’ils doivent remplir leur part du contrat et s’acquitter de leur dette avant de quitter la terre des vivants. Car selon l’opinion des adeptes de « c’est la faute des sorciers ». L’ensorceleur livre l’âme de sa progéniture en sacrifice à sa confrérie après avoir ‘’mangé’’ celle des autres. C’est une sorte de roue qui ne cesse de tourner. Et malheur à qui se dérobera.

Si les églises, les mosquées, et autres lieux de cultes religieux ou mystiques sont pleins à craquer, c’est en grande partie pour se protéger des dards des sorciers. Si les talismans, les amulettes, les crucifix et autres objets à vertu spirituelle s’achètent comme des petits pains, c’est pour être immuniser contre ces êtres maléfiques que sont les sorciers. Si les formules sacrées telle que « Bismilah, Ramanrahim« , ou le  » au nom du Père-du Fils-du Saint-Esprit », sont fréquemment répétées quand on sort de la maison, quand on emprunte un véhicule, quand on veut consommer quelque chose, c’est pour rendre nulles et sans effets les artifices des sorciers. Si les villages sont désertées et enregistrent très peu la visite des citadins, c’est pour ne pas que ces derniers s’aventurent sur un territoire miné ou ils pourraient à coup sûr laisser leur peau. Si de nombreuses familles citadines acceptent difficilement, de recevoir la visite d’un proche parent du village, c’est pour ne pas recevoir à bras ouvert les flèches empoisonnées des sorciers.

Grace à ce bouc émissaire, les individus peuvent tranquillement mener la vie d’irresponsable qui leur plait même s’il faut, pour cela, faire fi des règles d’hygiène et de bonne conduite. Les autorités ne se donnant pas la peine d’assurer la sécurité routière, d’équiper les hôpitaux, de protéger les citoyens du grand banditisme, et de contribuer au recul de la pauvreté. Car, lorsqu’il y a mort d’homme, point besoin de chercher loin le responsable, d’autant plus que tous les regards seront braqués vers le sorcier contre qui aucune preuve palpable n’existe.

Pour ma part, la sorcellerie est un fait à ne point nier surtout que nous sommes en Afrique, le continent de tous les mystères. Cependant, elle ne saurait constituer un bouc émissaire pour cacher certaines failles de nos actions ou de nos systèmes. Rien ne sert d’accuser qui que ce soit ou quoique ce soit sans preuve véritable aucune. C’est facile de rendre l’autre responsable de ce dont on est soi-même coupable. 

À cette allure, on devient moins vigilant sur les choses matérielles et simples de la vie. On laisse s’en tirer à bon compte les vrais coupables, on laisse nos systèmes économiques, sanitaires, sécuritaires, éducatifs, etc. prospérer dans l’amateurisme et la médiocrité. A cette allure aussi, les vendeurs d’illusions promettant sécurité et protections contre les sorciers continueront à prospérer dans nos cités.

Ayons une bonne relation avec les autres, respectons la société et ses règles, et nous verrons que, aussi incroyable que cela puisse paraître, les choses irons dans de bon sens. Quant aux sorciers qui voudraient véritablement nuire, si et seulement si cela est avéré, une main divine se chargera d’eux.

Viva l’amore !


Quelles solutions pour l’éducation des enfants face aux dérives des médias ?

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Vous avez certainement remarqué comme moi que beaucoup de contenus médiatiques à l’image de ce clip vidéo ou cet autre ici font les heureux jours de certaines chaînes de télévision.

Pourtant, on a beau être un homme et prendre plaisir à regarder les surdimensionnés  popotins nus d’artistes, fièrement exposés et  bouger dans tous les sens. Ou une femme et rêver de posséder un corps sculpté comme celui de Kim kardashian, qui attendrirait le cœur, de l’amoureux le plus indécis. On en arrive toujours à conclure que ces images ne devraient pas être à la portée de tous, surtout des enfants, des adolescents.

Parce que ce n’est plus un mythe, les médias influencent d’une manière ou d’une autre, chaque individu qui y a accès. Souvent de la plus vilaine des manières.

L’éducation aux médias apparaît alors aujourd’hui, comme la panacée pour gérer certaines dérives. Mais aussi une modalité indispensable, pour transmettre des valeurs aux enfants, adolescents et jeunes qui, pour la plupart évoluent dans un environnement médiatique. Même s’ils sont souvent sous-estimé, les médias interviennent dans leur socialisation. Désormais il faudra les compter parmi les éducateurs traditionnels de l’enfant avec les parents, l’école ou encore le milieu dans lequel celui ci vit. C’est d’ailleurs, cette conjonction des apports éducatifs reçus des uns et des autres qui leur permet de devenir ensuite eux-mêmes des adultes épanouis, équilibrés et transmetteurs de valeurs.

Pourtant, concrètement, cela pourrait paraître utopique.

J’en connais, des parents qui éprouvent des difficultés de compétences et de manipulations des nouvelles technologies, ne se limitant qu’aux fonctionnalités les plus courantes. Comme vérifier simplement la messagerie, ou regarder un programme télé « conventionnel ». Ils démissionnent devant l’ordinateur et la télévision.

À son tour, au-delà des risques de sédentarisation, l’enfant essaie de s’approprier ce média. D’ailleurs il est souvent sollicité pour des petits dépannages. Naît alors en lui, un sentiment de liberté, de domination, mais aussi d’impunité. puisque les parents n’en savent rien. Son attachement aux valeurs peut être ainsi, un échec. Surtout, quand il n’accorde que de l’importance à la maîtrise technique. Il peut alors arriver qu’il s’abonne dans certains cas, à des déviations dont la cybercriminalité, la pornographie…

Ailleurs, au niveau des établissements scolaires, la contrainte du nombre empêche les enseignants d’apporter un suivi éducatif plus personnalisé et plus affectif. Le pari d’éducabilité de l’école est avant tout collectif. De ce point de vue, la mission première de l’école sous nos cieux est de transmettre des savoirs et non des valeurs.

C’est donc indéniable. Il faut comprendre qu’aucune éducation aux médias ne peut se faire sans la disponibilité des parents.

Tout part de l’admission de règles strictes, imposées par les parents. Celles auxquelles, leurs progénitures devront apprendre à s’imposer. Les principaux éducateurs devront donc introduire un apprentissage méthodique basé sur la protection de l’enfant. À travers des questions, des jeux, des causeries éducatives sur le contenu des médias. Cela permettra d’une part, à l’enfant de mieux appréhender les différentes facettes de la vie en société et les choses dans le monde. Et d’autre part, éveiller sa curiosité, le soutenir et l’encourager dans son développement tout en veillant à ce que la découverte des choses nouvelles ne se fasse pas de manière trop brusque. Il aura ainsi, le temps d’évoluer et de construire sa personnalité, son moi, en fonction de ses intérêts, de son âge et de son parcours personnel.

Comme illustration, une utilisation modérée du téléphone portable ou de la télévision est avantageuse pour lui permettre de ne pas négliger d’autres activités qu’elles soient scolaires, physiques et/ou sociales, nécessaires à sa santé.

 

        Viva l’amore !


Présidents africains, ça suffit !

Présidents africains ça suffit

 

 

 

 

 

 

 

Je savais pour ma part qu’en Afrique, on affectionnait les films à l’eau de rose, expédiés du Brésil et du Mexique. Mais seulement maintenant, je me rends compte qu’on en aime un, d’un tout autre genre. Jugez-en vous-même.

Blaise Compaoré l’a enfin cédé. Ce poste de chef d’État de la république du Burkina Faso qu’il occupait depuis bientôt trois décennies. Le mouvement de contestation du peuple burkinabé a finalement accouché d’un renouveau. Son entêtement à vouloir à tout prix modifier la constitution dans l’optique de se représenter aux élections présidentielles de 2015, l’a mené à une inéluctable disgrâce.

Pure coïncidence ou simple plagiat ? Cette situation ressemble étrangement à plusieurs autres qui se sont produits aux quatre coins de l’Afrique. Le scénario est presque le même partout. Avec pour personnage principal, un président en exercice, qui a fait une entrée fracassante au pouvoir. Le destin forcé ou pas, les élections tripatouillées ou non, le conduisent à la magistrature suprême. Puis il semble ne plus vouloir la quitter. D’ailleurs il devient incontournable. Les élections le montrent bien, il est toujours le très contesté l’incontestable vainqueur. Finalement, son règne dure des lustres. Et un jour, coup de tonnerre, il est illico débarqué. Souvent par l’armée, une autre fois par le peuple.

Ces navets qui n’ont pour seul mérite qu’être en rupture complète avec le développement de l’Afrique, ne cessent de prospérer.

Sachez chers présidents, qu’avant vous, ces pays que vous dirigez existaient déjà. Ils ont une histoire que vous connaissez certainement. Il vous arrive peut-être de la chanter. Aujourd’hui, peu importe que vous ayez piétiné la démocratie, par le passé, vous êtes président. À ce haut poste de responsabilité, votre mission est d’être au service du peuple. Faire en sorte que ceux-ci vivent dans la paix, la stabilité et tirent avantage des fruits de leur labeur, de leurs ressources. Et non pas uniquement le vôtre et de celles de vos proches. C’est la continuité du travail qu’ont entamé, puis exercé vos prédécesseurs. Comme eux, vous n’apportez qu’une pierre à l’édifice. Pourquoi vouloir s’éterniser au pouvoir, alors que les règles du jeu démocratiques vous l’interdisent ?

Les produits de votre politique de gestion, vous les connaissez. La pauvreté, le chômage, l’insécurité, la corruption, l’impunité… n’ont jamais connu de tels pics. Mais vous préférez rester scotchés à vos constructions idéologiques révolues. Vous clamez haut et fort être les plus aimés, les plus adulés et même idolâtrés par vos peuples. En êtes-vous certains ? Organisez donc des élections crédibles, libres, transparentes et démocratiquesdans vos pays démocratiques, et vous verrez. Arrêtez de bâillonner vos opposants politiques, de museler les journalistes qui ne chantent pas le même refrain que vous, et vous verrez votre poids réel.

Ne vous fiez pas à ceux qui créent pour vous des mouvements de soutien, et vous font des éloges à même de pâlir de jalousie la divinité. Ces personnes qui vous soutiennent et vous encouragent à falsifier la loi fondamentale pour rester au pouvoir n’ont pour seul objectif que la sauvegarde de leurs propres intérêts. Tant que vous leur offrirez des avantages financiers, matériels et professionnels, ils ne trouveront aucune peine à chanter vos louanges, à scander partout vos noms, peu importe qu’ils s’égosillent la voix, peu importe que votre gestion des affaires de l’État soit des plus pathétiques, peu importe que vous soyez trempés dans des affaires louches, peu importe que vous ayez les mains tachetées de sang. Vous ne me croyez pas ? Eh bien, arrêtez, juste pour un moment le robinet, et vous les verrez faire volt face, la seconde qui suit . Ne soyez pas étonnés qu’ils vous tournent le dos pour sécher leurs habits là où le soleil brille désormais, même si c’est chez vos adversaires politiques.

Quoi encore ? Vous vous dites que vos amis chefs d’État, les organisations sous régionales ainsi que la communauté internationale vous admirent. Je ne vous apprends rien de nouveau, en affirmant que les États n’ont pas d’amis. Elles sont plutôt guidées par leurs propres intérêts. Regardez vous-mêmes, ces entités politiques et économiques sont-elles intervenues en faveur de Blaise Compaoré, de ATT, de Wade ? Vous vous croyez incontournables dans le destin et l’avenir de vos pays ? Voyez ce que sont devenus, le médiateur Blaise Compaoré, l’anticolonialiste Laurent Gbagbo, le guide Kadhafi, Abdoulaye Wade… Certains sont six pieds sous terre. D’autres, derrière les barreaux. Les plus chanceux bénéficient d’une certaine  « liberté »sont poursuivis par la justice, sont en exil, ou vivent désormais dans l’anonymat.

Présidents africains, arrêtez donc de vous méprendre! Vous n’êtes pas indéboulonnables. Débarrassez le plancher quand votre mandat arrive à expiration. Et cela, malgré votre popularité. Quand bien même vous avez construit d’importantes infrastructures. Quand bien même vous avez hissé votre pays sur l’échiquier international. Quand bien même par vous, la croissance économique de vos États a largement dépassé les deux chiffres. Même si vous estimez n’avoir pas achevé vos projets. Et même si vous vous défendez d’avoir accompli plus de reformes que vous prédécesseurs. Bravo et encore merci…

Néanmoins,  rappelez vous que « la vie est comme une pièce de théâtre, ce qui compte ce n’est pas qu’elle dure longtemps, mais qu’elle soit bien jouée». Alors, travaillez bien et ensuite, cédez la place aux autres.


L’enfer vient aussi de ce qu’on entend

S’il y a un mal moderne qui se fait de plus en plus envahissant. c’est bien le bruit. Rien de plus agaçant et exaspérant. Il nous submerge, nous poursuit. Partout. 

l'enfer vient aussi de qu'on entendIl peut être sournois. Comme celui auquel nous sommes exposés à la maison. Cela pourrait émaner de la clim ou du ventilateur, des casseroles, de la télévision, des cris d’enfants…  Dehors, c’est une vraie galère. On n’en finit pas avec les coups de klaxons répétitifs des conducteurs, des bruissements de moteurs de véhicules, surtout ceux en commun ainsi que la musique tapageuse provenant des maquis et autres bistros.

Comme si cette pollution sonore n’était pas assez difficile à supporter, des individus ont eu ‘’l’ingénieuse idée’’ d’en concocter un, de tout autre gabarit. Eux, ce sont les vendeurs d’articles de tous genres qui, pour la promotion de leurs produits utilisent comme instrument de communication, une association « poste radio – mégaphone ». Ils sont de plus en plus nombreux à investir  nos espaces publics urbains. J’en ai fait l’amère expérience.

Un vrai martyr

Ce matin-là, attendant une amie dans l’un des marchés d’Abidjan, j’essayais de me familiariser à l’ambiance qui y régnait. Pas besoin de vous dire qu’il y avait une variété de bruits dans cet espace de chalandise. C’est d’ailleurs normal et je ne m’en plaignais pas. Mais, plus les minutes s’égrenaient dans cette attente, plus je me sentais harcelée, tourmentée, au bord de l’hystérie. La cause. Un son assez perceptible qui se fondait difficilement dans ce tohu-bohu. Je ne mis pas assez de difficulté pour découvrir d’où il provenait. Puisqu’il me fallait regarder juste derrière moi. C’était un haut-parleur disposé sous un hangar de vente de téléphones portables, dont le micro faisait face aux baffes d’un poste de radio. Les pavillons de ce mégaphone laissaient s’échapper la voix enregistrée d’un jeune homme faisant la promotion de ces appareils téléphoniques.

Si ce n’était que ça, ce billet n’aurait pas lieu d’être. D’autant que cette manière d’attirer les clients dans cet espace très concurrentiel était très innovatrice. Le hic, c’est que l’enregistrement était automatiquement continu. Il reprenait en boucle les mêmes paroles en hurlant: « Venez, venez, approchez. Vente de téléphones portables de dernière génération(…) à partir de 5500F. C’est un prix cadeau que vous ne trouverez nulle part ailleurs(…), approchez, approchez, monsieur, dames ». Pourtant, et c’est ce qui est paradoxal, je n’ai vu aucun client s’approcher de ce stand.

Imaginez, cette séquence enregistrée. Infestée de bruits parasites. Dans le remue-ménage habituel d’un marché – déjà difficile à gérer – crépiter continuellement dans vos oreilles sans s’arrêter. Les mêmes paroles, la même voix, aiguë, intruse et perturbatrice : « Venez, venez approchez (…) Monsieur, dames.», Ce bruit qui rend impossible toute réflexion. Omniprésent. Il s’invite dans toutes vos discussions sans que vous et votre interlocuteur ne vous entendiez. Eh bien, c’est à ce type de bruit, j’ai été exposé pendant 10 minutes environs.  Quelle persécution auditive !

Comme cet aimable commerçant qui m’avait fait une place sur son banc, beaucoup d’autres interrogés auraient comme lui, certainement, donné la même réponse. Celle empreinte de fatalisme : « on va faire comment ? ». Quand mon amie tant attendue arriva, je quittai en sa compagnie cet endroit, traumatisée par ce bruit désagréable sans m’empêcher de plaindre ces commerçants que je laissai derrière moi et qui certainement à l’heure où vous me lisez, subissent encore ce châtiment effroyable pour leurs oreilles et leur système nerveux. L’autre horreur. C’est lorsque ces dispositifs sont juxtaposés…

Comment émerger dans le vacarme ?

Il est vrai que le système économique est libéral. Que chaque acteur est libre de développer la stratégie commerciale ou promotionnelle qui lui sied. Mais si l’attitude irrévérencieuse et égoïste de certains commerçants doit nuire à la quiétude  des populations environnantes, il faut bien s’en offusquer et taper du poing sur la table. N’est-ce pas que la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres ? Il y a urgence. Vu les graves conséquences tant physiques, psychologiques et économiques que le bruit peut générer. En effet, ces nuisances sonores sont très souvent à l’origine de graves pathologies. Comme la surdité, le stress, le traumatisme, les crises de nerfs,  l’insomnie, le mal-être, etc. De plus, les personnes qui restent longtemps exposées à ces bruits assourdissants et monotones perdent toute concentration dans leur tâche et sont moins productives dans leur travail.

Il est donc temps que le fonctionnement de nos espaces publics soit enfin régi par des lois fiables et claires sur les nuisances sonores. Des lois qui prennent en compte la quiétude et le bien-être de tous. Des lois qui soient respectées par tous, sous peine de sanctions.

 

Arise!

 

Crédit photo: https://sebbyamericabro20.deviantart.com


Moi gbakaman d’Abidjan, seul chauffard… vous rigolez!

J’en suis convaincu. Chacun son métier. Et chaque métier ses mérites. Ce que je ne comprends pas c’est qu’on s’acharne à dévaloriser le mien, celui de conducteur de Gbaka*. Vous savez, ces moyens de transport public que l’on rencontre un peu partout sur les routes abidjanaises. Mes collègues et moi, sommes fréquemment blâmés. De toutes parts menacés pour l’état de nos véhicules. Et souvent brutalisés pour notre manière de conduire jugée « folle ». Beaucoup nous appellent gbakaman-chauffard. Comme si nous étions les seuls à l’être…

Gbaka d'Abidjan crédit photo Google
Gbaka d’Abidjan crédit photo Google

D’ailleurs, semble-t-il que si le pays manque l’émergence en 2020,  ce serait en partie de notre faute. Je frémis d’indignation…

Laissez-moi vous expliquer

Je le cris à m’égosiller. Dans tous les métiers, il y a des indélicats, des sacripants.  En tout cas moi, j’aime le mien. J’affectionne mon outil de travail. Mon minicar de 18, 22 parfois 32 places.

Vous le trouvez vieux, sale, égratigné ? Comprenez que tout est une question de moyens et de temps. Que peut faire la maigre recette que je récolte quotidiennement par la faute d’interminables embouteillages. De routes parsemées de « nids d’autruches ». De petits voyous de gnamboros* qui nous piquent notre jeton. De policiers racketteurs, postés à tous les coins de rue, en dépit des campagnes de lutte contre le racket. Et des clients ayant une  phobie commune celle de régler en totalité le titre de transport. Du reste, les gazouillis provenant de mon ventre affamé m’importent plus.  Vous conviendrez donc que je ne peux pas me payer le luxe de déposer régulièrement mon minicar au lavage ou chez le mécanicien. Encore moins, demander au Djoulatchê* de le renouveler.

Dans mon pays,  l’argent circule. Pour le rattraper, il me faut aller vite. Donc, comme Hamilton  je deviens un spécialiste de la vitesse et du dépassement . Alors je n’hésite pas à écraser l’accélérateur du véhicule de tout mon poids. En agglomération ou non. Dans un dangereux virage. À la descente d’une pente ou même à des carrefours. On me dira que je devrais respecter les feux tricolores, ainsi que les panneaux de signalisation. Mais que faire si ceux-ci n’existent que de nom, parce qu’absents ou en pannes, illisibles ou dégradés, je devrais les inventer ? Je préfère les ignorer.

Panneau de signalisation- illisible crédit photo: EDED
Panneau de signalisation- illisible crédit photo: EDED

En tout cas rien ne peut m’arrêter, car Time is money. Même pas les crevasses que je trouve partout dans l’asphalte. Empêtré dans les embouteillages. Je le reconnais, j’abuse du trottoir. Où déambulent et s’entassent, déjà,  les vendeurs ambulants et des marchands qui vous bousculent avec leurs étalages garnis d’objets divers. Ici, sur cette portion de route, le piéton n’est pas roi.

Il est vrai, qu’avec cette attitude, je risque, d’occasionner des accidents graves. Faire d’innombrables blessés. Endeuiller des familles. Ou la mienne. C’est vrai… Mais c’est plus fort que moi… Certainement, en appuyant un peu plus sur cet accélérateur, les dégâts qui s’en suivraient  serviront peut-être à rompre  le silence du laxisme des autorités ; à fendre la léthargie dans laquelle celles-ci sommeillent face aux nombreux maux qui minent notre quotidien.

Néanmoins, je suis coupable, je le reconnais. Coupable,  je l’assume. Coupable, je dois changer. Mais, quand je pousse loin ma réflexion – eh oui,  ça vous étonne qu’un conducteur de Gbaka, généralement illettré et traité de bourrique réfléchisse – je ne suis pas le seul chauffard comme beaucoup le croit.

Les chauffards, sont légion dans mon pays

Qu’ils soient hommes ou femmes, riches ou pauvres, forts ou faibles, grands ou petits, intellectuels ou analphabètes, politiques ou simples citoyens. Le chauffard est un mauvais conducteur, celui qui fait fi des codes de la route, ou bonne conduite, en somme, qui renie ses responsabilités. Si tel est le cas…

Les policiers et gendarmes sont censés faciliter et réguler la circulation pour une sécurité routière. Pourtant,  ceux-ci ne sont pour la plupart intéressés que par les billets et pièces qui traînent dans la boîte à jeton. Plutôt que vérifier la régularité des pièces du véhicule. Et donner des contraventions à ceux qui le méritent. Alors qu’ainsi ce sont nos routes qui sont transformées en de véritables tombeaux ouverts qu’elles soient bitumées ou presque.

Les politiques sont censés conduire la nation sur le chemin de la paix et d’un idéal de développement  . Mais la corruption, le népotisme, les détournements de deniers publics, la confiscation et le verrouillage du pouvoir qu’ils laissent prospérer gangrènent tous les maillons du système. C’est le pays donc qui fonce droit au mur, malgré toutes les belles promesses politiciennes. Les citoyens en général se doivent de respecter la loi, l’autorité, l’environnement, payer leurs impôts, servir le pays dans l’union, la discipline, le travail. Mais nous constatons que bon nombre empruntent des voies détournées, telles que l’anarchisme, les incivilités, la violence, la fraude, etc. À cette allure, il n’est pas surprenant de constater la fragilité accélérée de la société. La dégradation de l’environnement et la paupérisation de la population.

Les parents tenant les rennes de l’éducation de leurs enfants ont aussi pour rôle de transmettre à ceux-ci des valeurs fondamentales. Afin de fixer des bases sûres et solides. Mais la démission, l’irresponsabilité et le laisser aller dont ils font parfois preuve dans l’éducation poussent leur progéniture à emprunter des itinéraires qui, très souvent les conduit à des dérives. Dont la délinquance, la cybercriminalité, la prostitution, l’échec social… Il est peut-être temps de prendre conscience que, chacun à son niveau est un acteur essentiel du développement. Et se doit de respecter les bons codes. À bas donc tous les chauffards et leur comportement « chauffardesque » pour que l’embarcation ivoire arrive à bon port.

 

 

*1. Gbaka: terme qui désigne les minicars de 18, 22 ou 32 places reliant différentes communes d’Abidjan.

 *2.Gbakaman : chauffeur de gbaka

*3.Gnamboro: syndicats de transporteurs illégalement constitués et qui réclament des droits dans les gares de transports terrestres. 

*4.Djoulatchè : Personne physique propriétaire  de Gbaka.

 

Viva l’amore !