
Abidjan faut-il retourner au puits ?
Aujourd’hui, c’est le 22 mars, la journée mondiale de ce breuvage vital, pour tout être vivant. L’eau. Dans mon pays la Côte d’Ivoire, l’eau potable est devenue une denrée rare. La situation est si pénible pour une certaine tranche de la population, qu’il m’importe d’en parler.
Les promesses passent et les difficultés demeurent
« Dès janvier 2015, il n’y aura plus de problèmes d’eau à Abidjan », avait été la promesse, mais les faits ont la vie tenace. Nous sommes en mars 2015 et l’approvisionnement en eau potable est toujours aussi inégal dans cette cité. Le déséquilibre de la distribution en eau potable, bien qu’existant depuis des lustres, au pays de l’éléphant était surtout lié à cette logique sélective d’accès à l’eau entre zones rurales et zones urbaines. Aujourd’hui, dans ces espaces ruraux les choses ont bien évolué. Grâce à l’hydraulique villageoise, de nombreux habitants du village disposent de ce précieux liquide.
Paradoxalement à Abidjan, la cité des lagunes, les choses vont mal. L’eau est devenue aussi rare qu’une gemme unique à certains endroits. De nombreux ménages, dans certains quartiers des communes comme, Abobo, Yopougon, Koumassi et Port-Bouët, en sont privés. Pendant des jours, les robinets restent à sec. Aucune goutte d’eau. Impossible donc pour nos parents et amis qui y vivent, de se désaltérer, de maintenir une hygiène corporelle normale, et surtout se laver correctement les mains pour échapper à la menace Ébola.
A côté, la pollution prend de l’ampleur. La plupart des espaces publics (caniveaux, jardins…) ne sont pas agréables à fréquenter. Ils se présentent comme des « toilettes publiques en plein air ». Vous entendrez dire « Il y a certains besoins qu’on ne peut plus faire, dans nos habitats modernes, sans eaux ». Faut dire que ces WC, à la Turque, recouverts d’un bloc de ciment dans lequel on avait pris soin de faire un trou rond, se font de plus en plus rares dans les maisons. Pourtant, ils ne nécessitent pas d’eau. Les propriétaires de ces habitats n’avaient pas présagé cette situation.
J’ai ainsi, découvert dans la presse que la forte densité de la population dans ces communes est l’une des causes principales de cette pénurie. D’autres responsables justifient ces désagréments par des branchements anarchiques, provoquant des déficits budgétaires et une limitation des investissements dans des infrastructures et autres équipements.
Là où l’eau abonde, le gaspillage surabonde
Lourdement empêtrées dans cette situation inconfortable, certaines populations devraient être davantage éduquées. En fait, l’un des maux majeurs à l’origine de ce malaise demeure le gaspillage. Dans la plupart des établissements publics, là où les factures reviennent à la charge de l’État, l’eau coule à flot. « C’est l’État qui paye », pense-t-on. « Laissons couler », agit-on. Ajouté à cela, le matériel défaillant, que les responsables refusent de renouveler. Entre-temps, la sensibilisation des ménages au recyclage de l’eau n’est pas encore tout à fait validée.
Au regard de cet incivisme des populations et, bien plus, au laxisme des autorités face à la persistance du problème, la question qui demeure est : comment faire ? Chez moi en Côte d’Ivoire, il est passé le temps où on implorait le ciel, la terre, les ancêtres, où les dieux de la forêt, avec en gage des sacrifices pour que survienne la pluie.
Continuer à s’en plaindre sur les réseaux sociaux et autres supports de communication en attendant que les autorités compétentes se décident à endiguer le problème ? Parce que, pendant ce temps, même si dans quelques rares zones, l’eau est maintenant disponible, la difficulté se déplace peu à peu dans certains autres quartiers, comme à Angré, Riviera Bonoumin où les ménages sont de plus en plus sujets à de nombreuses coupures.
De plus, les stratégies que développent les populations, pour disposer de ce précieux liquide, quand le stock est épuisé restent limitées. Justement, parce l’eau est lourde. Et donc, parcourir de longues distances pour en prendre, c’est revenir chargé d’un petit seau d’eau sur la tête. Sinon, ce sont les réseaux d’accès en eau potable qui sont vandalisés.
À chacun, son puits
Puisque l’eau est vitale, il est nécessaire d’envisager des solutions urgentes et moins coûteuses qui permettront de soulager les habitants qui n’en disposent pas. Il faut chercher des alternatives immédiates, en attendant que les autorités quittent la torpeur dans laquelle ils sommeillent.
Pour s’extraire du joug de cette souffrance liée à l’eau, ces populations devraient peut-être en association songer à creuser des puits dans leurs quartiers. Du moins, là où il est possible d’en faire. Dans tous les cas s’il y a amélioration de la situation, une chose demeure. L’usage modéré de l’eau des puits pourrait contribuer à lutter contre la cherté de la vie, justement grâce à la réduction des coûts de consommation d’eau.
Tout compte fait, il importe d’éduquer et de sensibiliser les populations sur les réels enjeux de l’eau. Cela évitera les gaspillages au bénéfice d’une meilleure gestion.

Viva l’amore !